Dans les premiers jours de confinement, j’ai eu l’impression qu’on avait le temps, que la pression de la campagne des municipales pouvait retomber : on pouvait souffler…
Prendre son temps, pouvoir se retrouver avec mon épouse, pouvoir se recentrer sur l’essentiel…
Il a fallu, aussi, prendre des distances avec les autres, renoncer aux activités collectives…
Dans mon quotidien de maman de 2 jeunes ayant un profil autistique.
Ramenée à l’essentiel, libérée du stress lié au handicap – et à ses complications dans notre société si embarrassée de démarches et paperasses et, finalement, si peu soucieuse des réels besoins de chacun –.
Avant l’annonce du 16 mars 2020, on s’en doutait un peu.
Mais on ne s’était pas rendu compte de ce que cela représentait.
La mise en place a été brutale, pas le temps de se préparer, on s’est retrouvés dans une situation inimaginable, inédite, un peu surréaliste. Tout était présent mais rien ne bougeait, il n’y avait pas de bruits, on entendait les oiseaux chanter.
Je compte les jours de 2020 où je ne suis pas sortie du foyer. Je trouve ça long de ne pas aller voir mon frère Guy et ma belle-sœur, et Patrick et Sylvie aussi.
Je sais bien que la privation de sortie est à cause du virus qu’il y a en ce moment. Cela punit tout le monde.
Ils ont fermé les plages aussi. On a mangé dans notre chambre le midi et le soir. Le matin, nous mangeons le petit-déjeuner, un café et des tartines.
On sort dans notre parc et on en fait le tour. Nous mettons des masques sur le visage. Nous ne prenons pas de vacances pour le moment à cause du virus. C’est énervant de ne plus rien faire, ni les activités, ni d’aller faire les courses avec les filles. Les filles nous font tout à notre place.
Privilégiée, confinée dans une maison avec un jardin, en compagnie de mon fils de 16 ans, pour moi ces 55 jours de confinement ont été :
Un temps de jardin peuplé d’oiseaux, d’insectes et de fleurs,
Un temps à être proche, tout en étant éloignée des gens que j’aime,
Un temps de confidences sans que nous puissions nous serrer dans nos bras,
Un temps de nouvelles amitiés, au gré de rencontres lors de marches dans Sainte-Luce,
Un temps à trouver que ce qui nous entoure peut aussi nous remplir sans aller au bout du monde, et nous permettre ainsi de revoir nos frontières, qu’elles soient physiques ou mentales,
Globalement bien, car je suis consciente de faire partie des privilégiés : aucun proche touché, une maison agréable avec son jardin, pas trop de perte de revenu (un en télétravail et un au chômage partiel), mes deux filles à la maison, l’une suit ses cours et l’autre télétravaille.
Rester à la maison ne m’a pas posé de problèmes. C’était pour se protéger collectivement, pour donner de l’air aux soignants.
Pourtant mes journées ont été très longues. Je « suis rentrée » du boulot aussi tard que d’habitude…
Pourtant mes nuits ont été très courtes. Mon cerveau est resté en perpétuel fonctionnement… en perpétuel questionnement…